in ,

Turalo animera un atelier création numérique pendant Festiblog

Samedi 24 et dimanche 25 septembre prochains, c’est Festiblog. Vous le savez car nous vous en avons parlé sur ce blog. Ce que vous ne savez pas encore, c’est que le festival sera un moment privilégié pour découvrir les secrets de la composition de BD numériques. Turalo vous invite à venir passer une heure en sa compagnie sous la tente Multimédia. Si vous ne connaissez pas la différence entre la lecture screen, dynamique et interactive, si, pour vous, créer une BD numérique consisterait à scanner une planche et la diffuser sur la Toile, cet évènement est la parfaite occasion de découvrir les opportunités offertes par le média numérique en compagnie d’un auteur curieux de l’innovation dans l’art de la case.

 

Quel est l’apport d’Internet à la BD ? Selon vous, qu’a entraîné la vague des blogs BD ?

Certains se plaisent à imaginer qu’Internet a balayé d’un vent frais cette vieille chose poussiéreuse qu’était la BD. Mon avis est plus nuancé.
C’est un nouveau support de publication, aux capacités incroyables, dont nous sommes loin d’avoir fait le tour. Mais c’est aussi une immense boîte de Pandore aux multiples compartiments, et chaque nouvelle possibilité soulève souvent de nouveaux problèmes : l’accessibilité, la protection des droits, l’étendue de la diffusion, le piratage, la monétisation… Tout reste à faire : en premier lieu, définir et fidéliser un public neuf puisque la bande dessinée dite « numérique » ne peut pas se baser sur son lectorat « BD » courant mais doit se tourner vers un public de consommateur numérique beaucoup plus large et pluriculturel. En second lieu, hypothétiquement, trouver un moyen pour les auteurs qui s’investissent sur ce média de vivre de leurs créations.
Les blogs BD ont fait leur part, ils ont involontairement montré une voie et incontestablement révélé de nouveaux talents qui n’auraient peut-être pas été reconnus sans Internet…
On peut déplorer les politiques éditoriales parfois fainéantes qui se sont ruées sur le « phénomène » et se sont mises à publier tout ce qui passait : du très bon, parfois, mais malheureusement n’importe quoi, aussi, entraînant une confusion déplorable entre un espace de création libre à la portée de tous et le livre, qui ne se contente pas d’être simplement rempli avec le tout-venant, abîmant d’une pierre deux coups l’image de la blogosphère et de l’édition.

Libération titre dans son article annonçant la sortie de 3 secondes de Marc-Antoine Mathieu : « La bande dessinée mérite mieux qu’un vulgaire scanner pour passer du papier à l’écran. » Quel est votre opinion ?

Après lecture de l’article et remise dans son contexte, cette phrase (qui n’est que la conclusion d’une critique) est plutôt claire : le journaliste déplore le comportement des éditeurs qui, jusqu’ici, se sont maladroitement contentés d’exporter des livres de leurs catalogues en les adaptant « au chausse-pied » aux nouveaux supports numériques, dénaturant le plus souvent l’œuvre d’origine (lecture dirigée, négation de la narration, des cadrages, des rythmes de lecture…).
Je ne peux que me ranger de son côté sur cette observation, et militer pour une nouvelle bande dessinée dédiée à ces supports, comme on développe des récits spécifiques pour des livres de papier.

Cela fait plus de 6 ans que Turalo est un blogueur

Cela fait plus de 6 ans que Turalo est un blogueur (© Turalo)

 

Quel conseils donneriez-vous à un auteur qui cherche à innover dans la BD numérique ?

Reste à définir ce que l’on veut que soit cette « BD numérique », justement. Le meilleur conseil, aujourd’hui, reste de se former aux technologies, souvent complexes et évolutives quand il s’agit de programmation, afin de pouvoir maîtriser seul l’ensemble de sa création… En évitant néanmoins de devenir trop technicien pour garder une part de hasard dans le processus de création : les « accidents » sont une composante importante du charme d’une œuvre. Et garder en tête que c’est la création qui doit mobiliser la technique, et non l’inverse, pour devenir auteur d’un vrai récit, pas d’un gadget.

Quelles sont vos références en matière de BD numériques ?
La proposition est encore pauvre… Marc-Antoine Mathieu, justement, semble avoir posé un jalon qui fera date, mais il y a eu avant lui quantité de débroussailleurs, dont Balak ou Moon. J’aime beaucoup aussi le travail hybride de Step. Les italiens de Astorina avaient aussi tenté une production très intéressante pour « Diabolik » sur smartphone, avec une foule de nouveaux codes très pertinents.

Vous allez animer l’atelier Création Numérique pendant Festiblog. Comment cela va-t-il se dérouler ?

Je devrai faire une courte démonstration de ComicComposer, un logiciel mis au point par Aquafadas qui permet d’exporter des pages de bande dessinée vers des supports numériques tels que les smartphones ou les tablettes écrans… Je découvre tout juste ce logiciel et je pense que cette présentation tournera vite à la découverte collective !
En tout cas, ça se passera ce samedi 24 septembre de 15h à 16h et ce dimanche 25 septembre de 16h30 à 17h30, dans la cour de la mairie du 3ème : je suis déjà impatient d’y être !

Quel travail allez vous réaliser ?

Je pense aller sur une lecture « dynamique » (case par case). Une heure c’est court, je ne pense pas pouvoir faire un tour complet… La lecture « screen » ne me tente pas trop, vous l’aurez compris, (ndlr : la lecture screen permet « seulement » de configurer le sens de lecture dans une planche afin de guider le zoom du lecteur) et je n’ai pas encore le niveau technique pour épater qui que ce soit en « interactif » (cases animées).
Je vais amener des extraits de mon travail, je choisirai demain sur quelle planche bosser en fonction de ma répet’ prévue demain soir.

——–

Turalo en bref
Turalo, AKA Éric Dérian, est un blogueur, scénariste, dessinateur et coloriste. Sa vocation est née très tôt, et après des études universitaires d’Arts Plastiques vinrent les Beaux-Arts, puis l’Atelier Brol à Angoulême où il réalise ses premiers récits, Picasso a disparu (Ed. Caf 16), préfacé par André Franquin. Il inaugure ensuite l’atelier Sanzot où il crée Hermine (Ed Glénat). En 1998 , il publie aussi un album de strips de Turalo le lapin (Ed
Triskel). Parallèlement à son activité d’auteur BD, il travaille pour la presse et dans la publicité, la communication. Touche à tout, on le retrouve un peu partout. Parrain du Festiblog 2006, il a aussi créé un blog consacré à la prévention du SIDA ; Drôle de Capote , et a lancé les 23 heures de la BD. Vous le connaissez peut-être pour une oeuvre appelée à devenir collector depuis qu’elle a été interdite : le Blog de Franquin, coédité par Foolstrip et Drugstore, qu’il réalise avec Piak. Son blog précédent ayant été victime d’un « accident », c’est au travers d’un blog tout neuf « Je n’ai pas toujours été aussi beau ! » que Turalo nous partage ses créations.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings