Mais qui est le Blogueur Pirate ? Ce blogueur légendaire qui vogue vers la gloire et la consécration reste bien mystérieux. Impossible de mettre la main dessus… (ah, c’est normal me dit-on dans l’oreillette car c’est à vous de le désigner).
Comme Long John Silver passant la main (ou plutôt le crochet), un futur blogueur sera le prince des mers le 27 janvier. Aujourd’hui, c’est le chroniqueur breton Pierre Bunk qui passe sur la planche.
Révélation Blog : Ola du Breton, alors, ça ne vous suffisait plus le cabotage en fanzine, il a fallu que vous armiez un blog ? Présente toi à la noble assistance…
Pierre Bunk : Je m’appelle Pierre Bunk, je suis dans le fanzine depuis environ 8 ans. Il y a un an et demi, lors de mon déménagement de Paris pour Rennes, j’ai décidé de lancer sur mon blog assez statique la série des Chroniques Bretonnes, d’une part pour me faire réaliser l’imminence de ce déménagement et des changement que ça allait m’apporter (j’ai plus ou moins toujours habité à Paris et en banlieue) et d’autre part pour garder le contact avec mes potes et continuer à leur envoyer des signes de vie réguliers.
Pour le prix Révélation Blog, eh bien… J’ai vu de la lumière, alors je suis rentré.
RB : Quelle sinistre destinée t’as amenée à faire de la bande dessinée ?
P. Bunk : J’ai un peu toujours traîné dedans, mes parents avaient une chouette collection de BD que j’ai lue et relue assez souvent. Ma première BD, j’ai dû la faire en CM1. Ca a fait marrer les copains, donc j’ai recommencé de loin en loin jusqu’au lycée où j’ai rencontré des fanzineux. J’ai rejoint le zine « Oz », puis j’ai créé « Motosex » avec deux copains et j’ai fini dans « Turkey Comix ». En gros, je traînais avec les mecs qui me permettaient toujours le plus de liberté et d’expérimentation. Et avec qui je me marrais, bien entendu.
RB : As tu un modèle parmi les célèbres pirates qui ont illustré la confrérie de la Flibuste ?
P. Bunk : Le premier qui me vient à l’esprit, c’est Bouzard. Je me suis pris son « Plageman » en pleine tronche, au lycée. Je dois un peu tout à ce type. Ensuite, j’admire énormément Omond, surtout ses deux Ninie Rezergoude. Il a une capacité à rendre la mobilité des visages qui est impressionnante, ses persos font des grimaces sans pour autant être défigurés ou moches comme peuvent l’être les miens. J’ai toujours pas réussi à trouver comment il fait.
Sinon, y’a les noirs et blancs de Killoffer. Ce mec est un génie. Tout est à l’économie, tout est simple et clair, même quand c’est le bordel, comme dans ses « six cents soixante seize apparitions ».
J’ai aussi pas mal été inspiré par les potes avec qui je faisais du fanzine, notamment Zéphirin Zéfirelli et Tarabiscouille (Turkey Comix).
C’est difficile de citer mes influences, j’en ai un peu tellement, je lis toujours énormément de BD (sans vraiment de distinction de qualité ou de genre, juste pour voir si je pars dans l’histoire ou si je peux trouver un truc intéressant dedans), donc je vais citer des noms en vrac : Taiyo Matsumoto, Mœbius, Franquin, Gotlib, Nicolas Presl, Winschluss, Cha, Otomo, Toriyama, Yukito Kishiro… Y’en a tant d’autres, je peux pas citer tout le monde !
Mais je dois finir par François Pérusse, car bien qu’homme de la radio, son sens de l’humour et du rythme a énormément influencé mon découpage.
RB : Et ton navire, on dit que tu l’as armé spécialement pour croiser dans les eaux armoricaines ?
P. Bunk : Donc, je navigue sur le « chroniques bretonnes« . C’est un blog plutôt confidentiel, j’ai bien l’impression, vu le nombre de visiteurs. J’y raconte mes aventures palpitantes de Parisien exilé dans ces contrées mystérieuses et inexplorées que sont la Bretagne en général et Rennes en particulier. On le dit rarement, mais la Bretagne est une région encore bien sauvage, je dois donc me placer d’un point de vue colonialiste et paternaliste pour pouvoir narrer les évènements auxquels j’assiste.
Des fois, j’en rajoute un peu, oui, mais le public parisien a bien besoin de sensationnel, de frisson, d’aventure. Alors je lui en donne. De rien.
RB : Et depuis combien de temps navigues-tu à son bord ?
P. Bunk : Il a pris la mer un peu avant mon départ de Paris pour la Bretagne, en mai 2010. J’avais besoin d’un support pour m’aider à réaliser ce changement de style de vie et c’est comme ça que les Chroniques Bretonnes ont débuté. L’univers commence à peine à se mettre en place et contrairement à mes peurs du début, j’ai toujours des choses à raconter, bien que je poste assez rarement (chaque post me prend environ deux jours à temps plein, plus le temps de réflexion et de scénarisation).
RB : Vient-on donc souvent à ton bord pour lire tes aventures et vider un godet ?
P. Bunk : Mon public est en général assez discret, il y a très peu de commentaires. J’ai principalement des retours de vive voix, autour d’une bière. Je pense donc que l’illettrisme qui règne à Rennes peut être la cause de ce manque d’interaction avec mes lecteurs.
RB : Des mutineries, parfois ?
P. Bunk : Bah comme je disais, ça parle pas des caisses. Y’a mon frangin qui vient de temps en temps ou alors de vieux amis qui me retrouvent par le blog. Ce genre de truc. Donc pas des masses de mutineries, c’est plutôt la mer d’huile, pas un pet’ de vent et les marins sont sages.
RB : As-tu un peu espionné tes concurrents ? Il y a là-dedans de rudes matelots, non ? Les connaissais-tu avant ?
P. Bunk : Au final, j’ai rencontré plus de fanzineux que de blogueurs, vu que je suis depuis plus longtemps dans le milieu et que je suis pas spécialement du genre mondain. J’ai découvert pas mal de monde dans la sélection, dont quelques-uns qui me font effectivement un peu peur, comme Helkarava ou Marie Spénale. Enfin Marie Spénale, elle me fait pas peur en vrai, cette gourgandine a 10 ans de moins que moi. Mais elle m’a fait bien marrer et j’aime beaucoup ce qu’elle fait.
RB : Et quand tu n’égorges pas de la Bretonne dans tes BD, que fais tu ?
P. Bunk : En dehors de la piraterie bloguesque, je suis free-lance. Je fais principalement du site Internet. Mais on peut pas trop voir ce que je fais, (ou alors en allant voir le site d’UI Studio, un regroupement de free-lances dont je fais partie), parce que mon site est en rade depuis maintenant un an et que je trouve toujours quelque chose de merveilleux à faire au moment où je dois m’y mettre. Mais la V2 est bientôt prête. Bientôt…
RB : Alors, il paraît que tu as trainé tes basques avec la fange et la lie, les terribles fanzineux de Turkey Comix qui se sont illustrés il y a quelques années en s’emparant d’une statuette fort convoitée à Angoulême, du coup, tu connais l’endroit, tu peux nous en parler ?
P. Bunk : Eh oui ! J’y suis venu deux ou trois fois, généralement avec la fine équipe de Turkey Comix. Je me souviens avec émotion du moment où l’on a appris qu’on avait gagné le prix de la BD indépendante ! Je me souviens moins bien de la suite, par contre. Mais je me rappelle de nombreuses anecdotes et autres moyens de souiller la notoriété de certains (comme Wandrille, par exemple), mais je ne les dévoilerai pas ici. Mais vous seriez ébahis de ce qu’il peut faire avec un mégaphone. J’en fais encore des cauchemars, 6 ans plus tard. Je peux vous donner quelques conseils : la banquette d’une bagnole est plus confortable qu’une place sur le plancher d’une chambre de Formule1 occupée par 7 personnes. Entraînez votre foie, les auteurs de BD sont tous avinés et ne vous reconnaitront pas comme l’un des leurs si vous ne vous beurrez pas comme eux. Mais ils n’aimeront pas que vous leur dégueuliez sur les godasses non plus.
Ce que j’aimerais le plus voir cette année ? Ils font quoi les Requins Marteaux ?
RB : Pour un pirate, tu portes vraiment beaucoup de bijoux, ils sont bien jolis ma foi, où les as tu trouvés ? J’ai vu les mêmes chez Djoul…
P. Bunk : Chut, c’est un secret.
RB : Ton sens de l’honneur est fort louable, rascasse. Un petit mot pour finir ? Une chanson ? Une référence élevée ?
P. Bunk : Et Yohoho et une bouteille de Rhum ! Bonne chance à tous les concurrents !
Vous nagez en eau trouble ? Un petit tour vers les Chroniques Bretonnes de Pierre Bunk devrait vous requinquer. Ca, ou du rhum… (ou les deux). Si vous y voyez encore assez clair, vous pouvez voter pour lui sur le site de Révélation Blog.
D’autres mousses ont déjà pris la mer, retrouvez leurs interviews sur l’article récapitulatif de Révélation Blog.
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