Oui, en bande ! Dessinée sur son blog, ses tranches de vies partagées avec ses frangins nous évoquent, avec humour, des moments que l’on a tous vécus.
C’est dans les allées du Festiblog que nous avons rencontré Clément et c’est avec gentillesse qui l’a accepté de répondre à nos questions pas commodes sur le numérique et la bande dessinée en ligne. Mais chez EspritBD, nous avons envie de stimuler cette réflexion à travers les avis et l’expérience de ceux qui utilisent ces nouveaux outils. Et heureusement, ils sont nombreux.
Petit tour donc avec l’auteur du blog des frères crétins.
EspritBD : Quand as-tu créé ton blog ? Et qu’est-ce qui t’avait poussé à publier tes œuvres online ?
Clément : Mon premier blog date de 2006. J’avais découvert l’univers des blogs en lisant les Spirou de mon petit frère où Laurel, Cha et Melaka avaient une rubrique. J’avais pas mal de temps libre à cette époque et commencer un blog me permettait de dessiner en assumant le fait que mes dessins n’étaient pas parfaits. Etre sur un espace gratuit est assez décomplexant et stimulant : quand j’ai commencé mon blog, le contenu avait plus d’importance que le dessin. Avec le temps, ça tend à s’équilibrer…
EspritBD : Tu utilises l’aquarelle pour tes notes, comment combines-tu les outils plus classiques et les outils numériques ?
Clément : J’ai tendance à trouver les couleurs informatiques faites sous Photoshop assez froides (surtout quand on ne maîtrise pas complètement l’outil). Et cet aspect est accentué par l’écran d’ordinateur. L’aquarelle m’a permis assez facilement d’aller à l’encontre de cet effet sans y passer des heures. De plus, avec des outils réels on laisse place à des accidents qui ont globalement du charme. Et puis au départ, l’aquarelle, c’était principalement pour faire comme les Chicou Chicou…
Techniquement je fais l’intégralité de mes dessins sur papier (crayonné, encrage au Rotring, gommage et aquarelle) que je scanne. Sous Photoshop je contraste mes images pour supprimer la texture du papier, je sature légèrement mes couleurs et j’organise mes dessins. Toutes ces étapes sont purement empiriques, et sont faites dans l’optique d’une diffusion sur blog. Je ne procéderais pas du tout de la même manière pour une impression.
EspritBD : Avec le temps as tu développé des trucs ou des tics liés à la note de blog ?
Clément : J’ai tendance à apprécier les choses assez minimales. Je me suis fixé quelques contraintes que j’aime bien (mais qui ne poussent pas beaucoup à progresser) : pas de case (donc pas obligé de faire des décors) et assez faible variation des cadrages (les personnages sont rarement en pied). Sinon je n’aime pas les bulles représentant les pensées alors j’ai remplacé mes monologues intérieurs par des dialogues fictifs avec mes frères. Et pour conclure, j’aime bien finir mes histoires avec deux trois cases où le personnage regarde dans le vide…
EspritBD : Combien de Festiblogs cumules-tu aujourd’hui ? Un mot sur cet évènement ?
Clément : Cette année c’était mon 3ème Festiblog. Je suis assez admiratif de cet événement qui arrive malgré son succès à rester très convivial et détendu. C’est assez sympathique de pouvoir rencontrer autant de personnes, d’horizons aussi variés. Un blogueur avec qui j’ai discuté récemment n’aimait pas trop le côté « représentation » où chacun vient faire sa petite pub. Pour ma part cet aspect du festival ne m’a pas marqué.
EspritBD : Que penses-tu du phénomène des blogs BD, est-ce un phénomène « de mode » ponctuel, ou un nouveau souffle, voire une redéfinition de la BD et de ses codes ?
Clément : Je ne crois pas qu’il s’agisse d’une simple mode et je suis persuadé que le blog BD s’est trouvé une identité propre et distincte de la BD papier. La narration n’est pas la même et le rapport au dessin est aussi différent. Et c’est à mon avis ces distinctions qui rendent les ponts entres ces deux médias difficiles. On devrait se taper du papier encore un moment…
EspritBD : Peux –tu nous donner, en image, ta vision de la bande dessinée dans 10-20 ans ?
C’est sur cette note visionnaire que nous vous proposons d’aller jeter un coup d’œil sur son blog, http://clement.over-blog.com. C’est le bon moment, Clément y aborde le sujet du Blog face à des bibliothécaires. Il suffit d’être un peu rebelle…
Et en parlant de rebelles, regardez de plus près les notes intitulées Mao & Moi, les aventures de rockeurs en herbe. Et le son, c’est là :
http://www.myspace.com/realbughouse.
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